Quand la révolte gronde [Valentine + un libre]

A peine avait-elle fait quelques pas que l’homme au chapeau après s’être excusé lui lançait un compliment surfait suivi d’une invitation à dîner.

Anthéa interrompit sa marche plus par étonnement, et toisa plus attentivement l’individu puisqu’un instant plus tôt elle n’avait daigné lui jeter le moindre regard. La jeune femme, bien que flattée, trouvait que celui-ci en faisait un peu… trop. S’excuser alors qu’ils ne s’étaient même pas bousculés. De toute évidence cela était un prétexte pour engager la conversation. Anthéa voulu d’abords l’ignorer, lorsque de sa main il fit apparaître une rose. Son regard devint différent, ses yeux brillèrent un instant.
De toutes les fleurs la rose appartient sans doute à la plus délicate des attentions. De plus la métamorph vouait une véritable passion aux plantes et aux fleurs. D’ailleurs sa maison abritait une serre et un jardin d’hiver qui ferait pâlir de jalousie n’importe quel amateur.

Après un moment d’hésitation, elle tendit finalement sa main et saisit délicatement la rose entre son pouce et son index.

Elle détailla la plante.
Une corolle parfaite, des pétales d’un blanc fascinant. La faisant tourner lentement entre ses doigts, les rayons solaires faisaient naître à sa surface des reflets chatoyants qui sublimaient cette fleur d’une beauté rare.
Sortant de sa contemplation, la jeune femme fit une légère révérence à son interlocuteur et lui lança assez timidement :

"Cette fleur suffit à vous faire pardonner… si maladresse il y a eut…"

Elle mit un peu d’ironie à la fin de sa phrase, puisque en fait elle considérait plus qu’elle aurait du faire attention à sa trajectoire.
Mais là n’était plus la question. Il lui fallait maintenant composer avec cette invitation à dîner. Que faire ? La journée était tout juste entamée, un ami botaniste l’attendait et elle même brûlait d’impatience de découvrir quelles raretés il avait trouvé pour elle.
Anthéa jeta un coup d’œil autour d’eux, la ville semblait si calme, seuls quelques regards s’attardaient sur ces deux personnes qui restaient l’un en face de l’autre sans pratiquement ne rien dire.
Elle se sentait un peu gênée, ce n’était pas coutume. En temps normal, Anthéa déclinerait l’invitation, mais il y avait cette rose, si parfaite.
Un présent de ce genre ne pouvait être fait que d’une personne de qualité. Mais la métamorph ne pouvait accepter aussi facilement. Bien que sa curiosité la poussait à vouloir en savoir plus sur cet individu. Elle finit par reprendre sur un ton plus enfantin :

"Quand à accepter l’invitation à dîner d‘un inconnu, je ne sais pas si cela est bien raisonnable… "

La jeune femme s’interrompit un court instant, se trouvant peut être elle-même bien audacieuse, mais elle conclu tout de même en lançant innocemment :

" Vous êtes ? "

Valentine avait là à faire à une jeune fille à priori timide et prudente, mais très sensible. Loin de comparer chaque filles les unes aux autres, et encore moins de les mettre en sac; car, il le disait lui même, "chaque femme est unique"; mais il avait connu de nombreuses personnes à la personnalité similaire. Elle était prudente et elle faisait bien.
Il la laissa terminer ses propos sans répondre quoi que ce soit, puis ôta son chapeau, libérant ainsi la totalité de sa chevelure d'argent, et mit une main dans le dos en se penchant avec délicatesse:

"Veuillez excuser mon manque de courtoisie très chère... Je me nomme Valentine..."

Il se redressa, et écarta les bras un instant, comme s'il allait énoncer un grand principe mathématique, avant de remettre son chapeau d'une main, gardant l'autre dans son dos:

"Je conçois que ma demande fut quelque peu brusque. Et je m'en excuse. Mais rien n'est vain, n'est-ce pas? Et à l'heure actuelle, les restaurateurs doivent être plus occupés à manifester qu'à cuisiner. Pourquoi ne pas profiter de ce laps de temps qui nous est offert pour discuter un peu?... Vous jugerez ensuite si je suis digne de votre divine compagnie."

Termina-t-il avec un sourire complice.
Il rabaissa son bras et le mit derrière son dos, avec l'autre. Puis, il eut un soubresaut comme s'il avait oublié quelque chose, et reprit aussitôt en se penchant légèrement vers la jeune femme:

"Diable, il faut croire que votre beauté m'étourdit." commença-t-il en riant un peu "Excusez-moi. Je ne vous ai pas demandé votre nom très chère?..."

" Anthéa..." 

La métamorph ne jugeait pas utile de prendre un ton quelconque, préférant répondre franchement et simplement à son interlocuteur. Celui-ci s’était légèrement penché pour lui parler, et cela la mit un peu mal à l’aise. Anthéa n’était à vrai dire pas très grande, mais elle se refusait à tricher comme certaines l’aurait fait, en portant des chaussures à haut talons. Ne se privant pas toutefois d’en porter à certaines occasions, mais sûrement pas pour paraître plus grande qu’elle n’était. Non, elle assumait totalement cette hérédité et sa capacité à pouvoir se métamorphoser lui permettait tout un éventail de possibilités.

Néanmoins, la jeune femme après avoir écouté les dires de Valentine jugea qu’il tenait des propos à première vue corrects, et bavarder lui permettrait d’en savoir plus sur ce personnage.
Alors que la jeune femme s’apprêtait à prendre la parole, un carillon sonna dans le lointain. Le palais du Roi abritait une immense horloge qui sonnait toutes les heures. Au dixième coup, Anthéa eut un léger sursaut.

" Je suis affreusement en retard… " constata-t-elle à mi-voix. Puis, levant les yeux vers Valentine, elle poursuivit aimablement :
" Je dois me rendre dans la boutique d’un ami, peut être accepteriez-vous de m’y accompagner, nous bavarderons en chemin. "

Les rues dépeuplées offraient aux deux promeneurs l’opportunité de pouvoir marcher sans se soucier d’être gênés par d’autres passants. Anthéa avançait à un rythme mesuré, tenant toujours avec précaution la rose blanche dans sa main gauche. Elle répondit sur un ton faussement détaché à Valentine :

" J’ai entendu parlé de ce mouvement de protestation, de toute évidence, le peuple s’est senti délaissé par son souverain… Mais vous avez vu juste, je ne vis pas ici. Ma demeure se trouve à Lusec." Sans s’interrompre, elle le questionna à son tour : "  Et vous ? Vous vivez ici ?"

Tandis qu’elle s’adressait à l’homme qui l’accompagnait, elle remarqua son manège. Subtilisant ça et là une fleur d’un massif ou d’une jardinière déposés par des maîtresses de maison soucieuses d’embellir leur fenêtres ou leur perrons…
Anthéa n’en croyait pas ses yeux, et se fut d’un air amusé ; toutefois teinté de réprobation qu’elle le vit ainsi se confectionner un petit bouquet.
Cette fantaisie la fit sourire. Mais c’était un sourire entendu, amusé.
Après une courte marche, au détour d’une ruelle, ils tombèrent sur une impasse.
Dans cette impasse, une façade se détachait du reste des habitations.
Une immense vitrine, surmontée d’une enseigne : JOSHUA BOTAN
Etrangement, on ne pouvait rien voir de la boutique de l’extérieur.

Anthéa s’arrêta en face de l’établissement et dit en lançant de nouveau son mystérieux sourire à Valentine :

" Pourquoi donc avoir une si grande vitrine, si les clients ne peuvent rien voir me demanderez-vous ? "

Sans attendre la réponse de son interlocuteur, elle poussa la porte, ce qui déclencha une petit tintement, et, défiant la loi de la galanterie, invita Valentine à jeter un coup d’œil à l’intérieur, à défaut d’y pénétrer en premier.

Et là, il pourrait croire entrer dans un autre monde…
De la lumière, des parfums, un feu d’artifice de couleurs. Et des plantes, partout, du sol au plafond. Des fleurs plus rares et magnifiques les unes que les autres, un foisonnement, une abondance inimaginable.

" Les plantes et les fleurs me passionne. " dit-elle dans un souffle.

Penchant gracieusement la tête sur le coté, Anthéa jeta un coup d’œil furtif au bouquet de Valentine.
Puis d’une voix douce et sur un ton indulgent, elle glissa à son interlocuteur :

" C’est un très joli bouquet..  "

La métamorph ne voulais pas vexer le charmant jeune homme qui se trouvait face à elle, il ne pouvait pas se douter qu’elle le ménerait dans LE temple des botanistes.

Comme elle entrait à l’intérieur, le propriétaire vint à leur rencontre.
Joshua était un homme mur, il portait une barbe parfaitement taillée et il possédait des mains de vigneron. Il salua les jeunes gens avec enthousiasme, et assura à Anthéa qu’il détenait quelque chose se fantastique pour elle. [i]

" Tu ne vas pas en revenir ! Je l‘ai trouvé…"

Disait-il d’une voix surexcitée. Il disparu un instant dans cette jungle parfaitement ordonnée et reparu avec une plante stupéfiante. Oubliant un instant la présence de Valentine, le visage de la métamorph s’illumina. Elle s’arrêta de respirer un instant et s’approcha de la merveille.
Car vraiment, c’était une merveille.
Cela ressemblait à une orchidée, mais ses fleurs changeaient sans cesse de couleur, selon sa position…faisant naître des illusions d’optique : parfois on croyait discerner un œil, un papillon…

"Une kaléidoscope… "

Le mot sortit de sa bouche tout en reprenant son souffle.

"Ton prix sera le mien, tu sais ce que tu as a faire." La phrase fut dite à voix basse, avec détermination, et Joshua fit immédiatement une révérence appuyée à la jeune femme, tout en lui assurant qu’elle serait livrée dans les délais.

Laissant le botaniste à son travail, Anthéa retourna auprès de l’albinos. La jeune femme s’excusa de son manque de politesse, mais elle attendait depuis si longtemps cette plante, qu’elle en avait oublié qu’elle était accompagnée. Voulant se rattraper, elle demanda en jetant un regard circulaire à ce qui les entourait :

"Comment trouvez-vous cet endroit Valentine ? "

Écoutant attentivement la jeune femme en récupérant toujours plus de fleurs, le jeune homme répondit aussitôt à sa question:

"Pas vraiment. En réalité je suis pour l'instant un voyageur. J'officie momentanément sur le navire du Capitaine Cifont. Peut-être en avez-vous déjà entendu parler? Quoi qu'il en soit même sans parler de la piraterie, j'ai tendance à ne jamais rester en place. Néanmoins je suis né dans les sous sols de Sanctus."

Ce qui expliquait en effet son teint pâle et sa carrure droite. Vivant sous terres, et en tant que grand travailleurs, la physionomie du peuple souterrain était devenue héréditaire, et il ne fallait pas avoir vécu longtemps là-bas pour en avoir les caractéristiques.
Ils arrivèrent enfin à la boutique où Anthéa devait se rendre.

Anthéa: " Pourquoi donc avoir une si grande vitrine, si les clients ne peuvent rien voir me demanderez-vous ? "

Question rhétorique qui ne demandait aucune réponse. Et de toute façon Anthéa ne lui en laissa pas le temps. Et lorsqu'elle ouvrit la porte, ce fut la révélation.
Jamais le jeune albinos n'avait vu tel endroit. Outre son admiration silencieuse, il ne pouvait que se demander comment pareille boutique avait pu rester si discrete si longtemps. Pendant que la jeune femme s'extasiait sur une fleur qu'elle semblait attendre depuis longtemps, le pirate fit le tour de la boutique, observant chaque plante, les respirant avec ivresse, et les caressant doucement; étrangement, en gardant toujours ses lunettes noires sur les yeux. Lorsqu'elle eut terminée elle revint en s'excusant.

"Ne vous inquiétez pas pour moi très chère. Je vous dois déjà beaucoup pour m'avoir amené dans un endroit si divin. Je ne vais pas vous monopoliser tout de même" dit-il en riant.

Il jeta les fleurs qu'il avait ramassé sur son chemin autour de lui, les faisant disparaître dans une nuée d'étincelles étranges qui n'affectèrent pas le moins du monde les plantes environnantes. Il n'avait plus rien. Mais de nouveau il fit le tour du magasin, piochant un peu partout, assemblant des couleurs, testant, reposant des fleurs qui, en fin de compte, n'allaient pas ensemble, et ainsi de suite. Son petit manège dura un moment avant qu'il n'ait un bouquet réellement parfait en main. Posant une lourde bourse sur le comptoir, il lança au vendeur avec amabilité et un clin d'oeil:

"Gardez la monnaie."

Puis il tendit le bouquet vers Anthéa et ajouta avec un sourire:

"Cela me faisait mal de devoir me contenter de vous offrir un bouquet de fortune. Je suis heureux d'avoir trouver pareil sanctuaire ouvert, sinon je crois que je l'aurais regretté toute ma vie.
Oh! je faillis oublier!"

Il sortit une nouvelle bourse, au moins deux fois plus grosse que la précédente, qu'il posa avec lourdeur sur la caisse, avec le même regard au vendeur et déplaça délicatement le kaléidoscope vers la jeune femme.

"Je crois que le prix y est, non?..."

Conclut-il avec un sourire amusé.
Oui, définitivement c'était le terme.
Il s'amusait. Il s'amusait plus que jamais dans ce genre de scènes. Et s'il pouvait amuser celle qu'il accompagnait, ce n'en serait que plus délicieux. Peut-être en faisait il trop? Peut-être était-il trop excessif? Qu'importe? Que risquait-il? En vérité, la perte de la compagnie d'Anthéa serait sans doute plus pénible qu'un éventuel et possible scandale qu'elle pourrait piquer...

Sanctus.. Elle comprenait mieux à présent. Anthéa avoua qu’elle aussi voyageait souvent, mais ne dit rien à propos du nom que Valentine avait cité. Pourtant, il ne semblait pas inconnu à la métamorph. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir, car déjà ils entraient dans la boutique.

Lorsqu’elle l’eut rejoint, après avoir conclut l’achat du kaléidoscope, elle vit l’albinos faire disparaître le bouquet qu’il s’était confectionné à l’extérieur.
La gerbe d’étincelles qu’il créa donna l’impression qu’il était entouré d’étoiles.
Elle le vit également parcourir la boutique de long en large, choisissant avec soin des fleurs, saisir une tige, hésiter, la reposer, en prendre une autre….
Anthéa suivait tout les gestes de l’albinos avec un regard mêlés de curiosité et d’amusement.
On ne saurait dire combien de temps il s’écoula, et la métamorph ne bougea pas lorsque Valentine après en avoir payé plus que le prix lui tendit le bouquet qu’il venait de composer vraisemblablement pour elle. Elle resta un moment hésitante, mais l’homme n’en avait pas terminé. Il prit l’initiative de lui offrir également l’orchidée qu’elle attendait depuis si longtemps.
Anthéa saisit le bouquet d’un geste machinal bien que délicat, et toisa l’albinos en pensant :

*C’est tout ?*

Tout en le fixant avec un sourire plaisantin accroché à ses lèvres.

La métamorph ne put se résoudre à dire à haute voix ce qu’elle considérait comme une boutade. Le peu qu’elle avait vu du comportement du jeune homme lui laissait croire qu’il aurait été bien capable de la prendre au mot, et d’en rajouter…

Cela lui arracha un rire bref, léger, clair.
Contemplant le bouquet, le portant à son visage pour en respirer les parfums, elle lui avoua d‘une voix légèrement tremblante :

"Vous n’y allez pas par quatre chemins vous….Je ne sais pas quoi dire..  "

Elle se tut un instant.
Quelle situation étrange. Il paraissait s’amuser énormément, et il ne fallait pas s’y tromper la métamorph s’amusait également.
Peut être que d’autres auraient été plus que gênées, d’autres encore vexées, se targuant de ne pas être de celles « qu’on achète » et piquer une crise de nerfs.
Non.
Anthéa ne pensait plus, ne savait plus quoi dire. Sans doute ne s’y attendait-elle pas. Sans doute aurait-elle accepté avec le même bonheur le bouquet improvisé… à partir du moment ou ce présent était fait de façon sincère.

Elle essayait juste de deviner le regard de son interlocuteur derrière ses lunettes noires.
Tiens, au faite, pourquoi les portait-il toujours à l’intérieur ? Pour cacher quelque difformité ? Pour protéger des yeux sensibles ?
Peut être ne le saurait-elle jamais.
Sortant de son immobilité, la jeune femme choisit une des fleurs du bouquet, coupa la tige à une longueur suffisante et s’avança lentement vers l’albinos. Puis elle accrocha avec précaution l’œillet à la boutonnière de sa veste. Un œillet d’un rouge profond. La métamorph lissa le revers qui était maintenant orné de la fleur, et dit tout simplement :

"Merci."

"Veuillez excuser mon retard..."

Dit calmement une voix derrière Anthéa.
Valentine se tenait là. Il venait d'arriver, quelques secondes après elle et lui souriait paisiblement.

"Vous êtes magnifique, si je puis me permettre."

Lui dit-il en reproduisant un baise-main semblable au précédent.
Quant à lui, il ne portait plus son couvre-chef, mais avait toujours ses lunettes noires. Il portait cette fois une cape noire comme le reste de ses habits, cette fois très cintrés; des jambières de cuir noir, une sous cape qui lui tombait aux épaules ornée d'or. Enfin, il portait un foulard rouge qui allait avec ses manchettes et le verso de sa longue cape. Ses longs cheveux d'argent terminaient ce tableau ténébreux en s'écoulant comme une avalanche le long de son visage et allant jusqu'au milieu de son dos. Il défit sa cape, la donnant à un serveur qui la lui accrocha au lieu destiné puis il tendit le bras en avant, invitant la jeune femme à aller s'asseoir, et la suivit avant de lui faire prendre place en tirant et replaçant sa chaise. Enfin, il alla lui même s'asseoir en face d'elle et commença à lancer le dialogue d'un air serein:

"Veuillez, encore une fois, excuser mon retard. J'avais un doute quant à l'horaire. Je me suis exprimé sans doute trop précipitamment tout à l'heure, héhé. Peu importe. Comment allez-vous depuis ces quelques heures? Vous n'avez pas eu trop de mal à trouver j'espère? J'ai complètement oublié de vous demander si vous saviez où c'était..."

Tout en disant cela il déplia sa serviette alors qu'un serveur leur amenait aimablement le menu...

HJ-voici la tenue que j'imaginais, si jamais je n'ai pas été assez clair. http://ic1.deviantart.com/images3/i/2004/171/a/9/Ilazki.jpg -HJ

L'attente de la jeune femme ne fut pas longue et la voix de l'albinos se fit entendre derrière elle, la faisant se retourner. Elle le salua d'une gracieuse révérence.
Le jeune homme, dans une tenue qui le changeait complètement, s'excusa de son retard, avant de l'inviter à se rendre à leur table.
Anthéa se laissa conduire et une fois confortablement installée, alors que le serveur leur confiait les menus, Valentine renouvela ses excuses.

"Vous n'avez pas à vous justifier, je n'ai pas eu à attendre longtemps, je n'était pas à l'heure... mais pour trouver le restaurant, j'ai prit le service de transport de l'hôtel ou je suis descendue."

Après une légère pause, tout en lisant d'un oeil distrait les divers choix offerts dans le menu, elle termina presque en murmurant sur un ton plaisantin :

"Vous voyez, je suis une grande fille qui sait se débrouiller..."

Quittant le menu, son regard pétillant se posa sur son interlocuteur. Si la métamorph pouvait paraître timide, réfléchie, en faite, elle ne l'était pas vraiment. Par contre, il lui fallait être méfiante, prudente, car on ne sait jamais sur qui on tombe. La métamorph était particulièrement bien placée pour savoir qu’il ne fallait jamais se fier aux apparences.
Mais au fur et à mesure qu'ils se parlaient, elle prenait un peu d'assurance.

Détaillant de nouveau le menu du restaurant, Anthéa n'arrivait pas vraiment à se décider. Tout les mets proposés paraissait attrayants. Refermant le menu et le posant sur la table, elle déplia à son tour sa serviette, tout en demandant à Valentine sur un ton un peu intéressé :

"Peut être êtes-vous plus coutumier de cet endroit que moi… Que me conseilleriez-vous de choisir ? "

Un agenda royal est comme tous les agendas, à savoir, grifonné à la va-vite sur un carnet assez petit pour être perdu ce qui facilite grandement les rapports sociaux :

Citation :

"Bonjour, j'avais demandé une audiance avec votre royale personne...
-Casse-toi, t'as pas pris de rendez-vous !
-Mais ?!
-Barre-toi j'te dis !"
Claquage de porte et tombage nez-à-bide avec la grosse domestique :
"Majesté ! Combien de fois vous ai-je dit de ranger votre chambre ?
-Jamais...
-Heum... Bon, passons, j'ai trouvé votre agenda sous votre tas de linge sale...
-Merci, voyons aujourd'hui... Et merde..."

Un Roi est un homme occupé, comme tout le monde, mais seules ses occupations diffèrent de celles de gueux normaux et puants. par exemple, aujourd'hui :

Citation :

15 heures : Pourir une révolte des glandus.
Chépas quand mais plus tard : Sortir la mascotte.

Malheureusement, le Vengeur Slippé était déjà sorti tout seul pour venger l'assaut du Château en dévorant les réserves de nourriture des maisons voisines ce qui le mit K.O. un moment. Mael n'eut donc aucun mal à trouver l'animal pour lui faire faire sa promenade. Il eut par contre un peu plus de mal à tirer le manchot au bide dormant derrière lui à cause de son imposante masse corporelle. Il devait user encore une fois de l'astuce habituelle. L'homme s'accroupit près de la tête du Vengeur et lui sussura quelques mots doux à l'oreille :

"J'temmène au restaurant mon gros..."

Immédiatement, le bestiau se releva, comme soulevé par une main invisible qui tripotait son derrière imposant, et il suivit le Roi qui l'emmenait dans le meilleur restaurant qu'il connaissait : le "Black Cat".
Le trajet fut court et Mael dut retenir la mascotte pour qu'elle ne défonce pas la porte car son estomac était déjà vide. Ils entrèrent, non sans mal, comme des gens normaux, avec un agenda normal. Le Roi s'installa à la plus grande table en prévision de l'apétit dévastateur du Vengeur qui se hissait juste à côté de lui sur une chaise sur laquelle Mael trouva bon de placer un bottin pour surélever l'animal. Un serveur s'approcha de leur table pour leur présenter le menu.

"Bon, on prendra un..."

"COIN !"

"Deux... Bouteilles..."

"COIN ! COIN !"

"Tonneaux... de vin..."

"COOOUUUIINNN !"

"De champagne-coca à la banane... Et pour moi, ce sera une salade verte..."

Le serveur repartit en cuisine légèrement surpris de l'excentricité royale .

"T'es énervant à la fin ! À chaque fois c'est pareil ! Tu bois un truc dégeulasse et alcoolosé et à la fin tu pisses partout ! 'Faut te calmer mon gros pépère !"

Dit le Roi au Vengeur Slippé qui attendait ses tonneaux comme un petit enfant attend le Père Noël, un vieil homme au gros nez rouge d'alcoolique...

Valentine était amusé par le jeu de la demoiselle, mais aussi attendri. Mais alors qu'il s'apprêtait à donner son avis, un hurluberlu accompagné d'un manchot fit son entrée en scène, de façon plutôt remarquée. Le pirate, ayant énormément voyagé, ne tarda pas à reconnaître le souverain du pays. En ce qui le concernait, le Roi Mael l'amusait. Mais peut-être n'était-ce pas l'avis d'Anthéa. Aussi se permit-il de demander:

"Le souverain de ce royaume semble en forme. Cela ne va pas être facile d'avoir une soirée...hmmm... "romantique". Aimez-vous suffisamment les spectacles comiques ou désirez-vous partir?"

L'albinos n'avait dit cela sans la moindre dose de réponse dans la voix. Cela lui était égal. Bien sûr, il ne faudrait pas que la présence du dirigeant s'éternise trop, et il aurait apprécier finir la soirée en duo à la belle étoile; et il ferait de son mieux pour; mais pour le moment, cela lui importait peu.

-HJ-Désolé de l'attente et de la réponse courte. JE manque cruellement de temps et d'inspiration. J'essaierai de faire mieux la prochaine fois.-HJ-

HJ- Aucun soucis, peu d'inspiration pour moi aussi.... -HJ


"La présence du souverain ne me gène pas, même si amener la mascotte du royaume au restaurant est assez inhabituel."

Anthéa regardait ce couple pour le moins loufoque sans oser pour autant leur porter un regard insistant. Mais de toute façon, le regard de tout les clients déjà présents étaient rivés sur eux. Le Roi Mael avait après tout le droit de se rendre dans un établissement public avec son manchot. Du moment que la bestiole ne s'approchait pas de trop près, cela ne poserai aucun problèmes particuliers.

La métamorph se disait qu'il serait sans doute très amusant et instructif de s'introduire dans le château sous la forme de cet animal......
Cette seule pensée la fit sourire.
Sourire peut être mal interprété par son interlocuteur, mais peu importe. Le serveur se dirigeait de nouveau vers leur table et la jeune femme saisit de nouveau le menu, puisque Valentine n'avait pas répondu à sa question.

En effet, l'employé leur demandait s'ils avaient fait leur choix, et Anthéa se décida enfin pour une salade composée et un feuilleté au crabe. Son choix fait, elle attendit que Valentine prenne également sa commande, et en profitait pour jeter un regard discret sur le Roi et le manchot qui l'accompagnait.