Une nuit à l'auberge [Libre]

Code:

Journal d'Aloïs

Une journée de plus. Aujourd'hui, j'ai marché comme hier, comme avant-hier. Il semblerait que la forêt prenne fin et que la civilisation reprenne ses droits. Je suis en ce moment dans une taverne où je fais une pause pour la nuit. Je reprendrais ensuite mon voyage demain. Un jour comme un autre, même si je sens que je me rapproche de nouvelles choses à voir ou raconter.

Il referma le cahier dans lequel il écrivait au moment où son plat arrivait. il avait put se payer à manger, et il en était heureux. Habitué à souffrir de la faim, il n'en est pas moins qu'Aloïs aimait toujours un bon repas. Il planta sa fourchette dans la première cuisse de poulet qui s'offrait à lui.

La taverne était relativement pleine en cette heure. Majoritairement des bûcherons ou des campagnards, revenant de leurs travaux, soit de bois, soit de champs. L'ambiance était pour le moins chaleureuse, l’alcool coulant à flot des échoppes pleines, sur les ventres rebondis des gaillards à forte carrure. Les rires gras retentissaient dans toute la taverne, créant un brouhaha permanent. Les gens buvaient comme ils respiraient, et bon nombre d'entre eux finissaient raides morts.

L'un de ces hommes, un barbu aux manches retroussées sur de gros avant bras s'avança vers Aloïs, une chope à la main. Il tituba un peu vers la table avant de taper d'une voix forte dessus. Même s'il était debout et Aloïs assis, ce dernier pouvait aisément sentir les relents pestilentiels de l’alcool dans son haleine.

"Alors le puceau, on fait une promenade de santé ? Ou vas-tu comme ça, si loin des jupons de ta maman ?"

Quelques visages empourprés se tournèrent vers Aloïs et le bûcheron, et le jeune scribe tenta de répondre quelque chose de correct, vainquant la peur qu'il avait de ces personnes bourrues et rustres, bien qu'ayant vécu pendant des années autour de gens à peu près pareils.

"Je...je suis scribe itinérant. Je me déplace de... village en village, pour... offrir mes services, en échange... de payements de diverse... nature."

Une femme apparut dans le dos de l'homme, vêtue d'une robe laissant très en apparence les porte-jarretelles, qui ne laissaient pas de doute de sa profession.

"Qu'est ce que tu peux m'écrire pour un nuit d'amour petit ?"

Aloïs fut totalement déstabilisé par la franchise de la question, n'ayant jamais abordé de sujets tels que ceux-ci. Il bégaya un peu plus...

"J...je... je ne sais... pas. Tout dépend... de... de...

vous ?"

Son visage devint rouge. Pourquoi avoir dit cela ? C'était venu comme ça... Il se mordit l'intérieur de la lèvre, croyant avoir fait une gaffe. Mais l'homme qui l'avait abordé se mit à rire de plus belle.

"Ah petit, t'es un numéro mon gars. Tu me plais tiens. Je te paye la chambre et le repas pour la nuit. Ah petit, tu me fait bien rire.

Entre nous continua-t-il avec une voix si forte qu'il était difficile de rester "entre nous", si tu à besoin des services de la demoiselle, appelle-moi, ça peut entrer sur la note."

Il lui adressa un clin d’œil malicieux, avant de porter sa main sur l'arrière train de la femme qui lui sourit avant de s'en aller vers d'autres clients. L'homme s'éloigna aussi. Finalement, Aloïs venait de faire une bien bonne affaire. Logé et nourrit au prix de sa franchise. Voilà quelque chose de très satisfaisant.

Son repas finit, Aloïs alla prendre l'air à l’extérieur de la taverne. Le chemin était éclairé par l'unique lumière de la taverne. Les bruits des rires étaient étouffés par la porte fermée, et le silence était lourd à l’extérieur. Seuls les grillons venaient percer le calme de la nuit. Aloïs aperçut une ombre.

"Bonsoir..." dit-il sur un ton quelque peu hésitant.

Shura avait pénétré dans l'auberge, en fait, ce n'était pas vraiment la première fois qu'elle venait ici, elle était arrivée plus tôt dans le but d'avoir une chambre, malheureusement ses économies avaient serieusement souffert de son voyage jusqu'au royaume Key, en fait, elle n'avait plus rien, elle s'était tout de suite empréssée de se payer de quoi manger, boire surtout, et de quoi faire la fête jusqu'au bout de la nuit tant et si bien qu'arrivée ici, elle n'avait plus un rond. Lorsqu'elle expliqua sa situation a l'aubergiste et lui demanda si elle pouvait dormir ici pour la nuit, celle ci l'avait envoyée paître en beautée. Aussi avait t'elle étée obligée de bosser ici pour payer sa nuit. Cette mégère avait surement cru l'obliger en lui demandant d'aller couper du bois, mais c'était une partie de plaisir au vu de ses pouvoirs!Elle avait fini son travail en quelques minutes, les buches, parfaitement coupées, étaient entassées sur le coté de l'auberge.

Shura s'était débarassée de sa cape de voyage et portait un costume constitué d'un jean miniature qui lui arrivait en haut des cuisses et d'un débardeur bleu, laissant voir des attours qui malgré ses 17 ans, étaient plus que satisfaisants. La jeune fille avait la peau bronzée et était un peu musclée, elle avait un profil d'athlète ainsi que des cheveux d'un noir profond coupés a la garçonne, celle ci ne remarqua pas le salut du jeune homme et s'exclama d'une voix assez peu féminine a la gérante

"Oy, grand mère, j'ai fini de couper le bois."

La vielle aubergiste abandonna son feu pour se retourner vers la matadoresse l'oeil hagard

-Quoi?!Je te préviens, si tu me ment sale petite vipère je te...

"Vous me quoi?Je ne vous suis encore redevable en rien et j'ai fait ce que vous m'aviez demandé, si vous me refusez une chambre après ça je jure que je vous le ferait regreter."

Cracha Shura, la vielle grogna et passa une main sous le comptoir pour lui lancer un tissu blanc, un tablier

-Enfile ça et va servir les clients

"Quoi?!Pas question!Je me suis acquitée de ma tache!"

-C'est ça ou tu couche dehors

Shura fronça les sourcils et enfila finalement le tablier

"Je vous previens, il n'y aura pas de troisième tache."

-J'y compte bien!

L'andalouse se retourna vers les tables et s'avança vers l'une d'entre elle avant de demander d'un ton sec

"Ce sera quoi?"

Le scribe errant ne semblait pas tellemtent dépaysé dans cet environnement, proche de celui connu dans son enfance, à son village. Il rentra à la suite de la jeune fille. La voyant, Aloïs sut qu'il était plus vieux qu'elle, pourtant ils paraissaient le même age. Les gens continuaient leur joyeuse beuverie, et comme de nombreux soirs, la fête semblait durer des heures. Aloïs se fraya un chemin jusqu'au comptoir. Arrivé devant la tenancière, il demanda un lait de chèvre.

Silence. Quelques têtes se tournèrent vers lui, et puis on le reconnu, et à nouveau les gens présents rirent de bon coeur. La tenancière d'ailleur, qui croyant vraiment qu'il s'agissait d'une blague de mauvais gout, lui tendit un bon pichet bien remplit. Sous la préssion de ses "amis" ivrognes, sous la pression des regards, Aloïs porta la chope à ses lèvres et but une gorgée. Le liquide chaud se répandit dans sa bouche puis dans sa gorge, et son nez se mit à picoter violement. Bientôt, le scribe se retrouva-t-il accoudé au comptoir, toussant, le visage complètement rouge, l'alcool passant mal.

Mais personne dans l'assistance ne se découragea, rien de bon coeur à chaque mouvement d'Aloïs, riant en fait pour un rien. Aloïs but la chope. Il la vida de moitié, par petites gorgées. Et très vite, sa tête se mit à chanceler bizarrement, ses doigts attrapant avec difficulté la hanse de la chope, ses yeux regardant plus dans le vague que devant lui. L'alcool aidant, Aloïs se sentit définitivement à l'aise, dans cette taverne. Tapant du point sur la table, Aloïs attira vers lui la tenancière, lui parlant d'une voix pateuse.

"M'dame... C'est qui la... la... la fille là-bas là... C'est qui celle là..."

"Ca n'a pas d'importance va ! T'en reprendra bien une non ?"

"Oulah non... J'tiens pas moi... Non... J'tiens pas... Mais c'est qui ?"

Et Aloïs de se retrouver avec une chope à nouveau remplie. Il n'eut pas son information sur la mystérieuse jeune fille. Mais encore une fois, l'esprit embué et imbibé d'alcool, il oublia très vite la quête du nom de la serveuse, riant de bon coeur aux boutades déplacées ou répétées des autres clients de la taverne...

Shura, un plateau en main était en train de servir les "clients" avec le calme et la patience dont toute serveuse se doit de conserver, surtout quand il était question de servir de gros porc bourrés d'alcool jusqu'au pif, beurk, tous ces crétins la dégoutaient au plus haut point!Pourquoi devait t'elle, elle une mercenaire de premier rang, s'abaisser a une telle tache?...Parce que ça faisait trois mois qu'elle n'avait pas dormi dans un bon lit douillet...oui. En même temps elle aurait du être un peu plus économe, c'était de sa faute, mais bien hardi celui qui voulait le lui faire admettre!La jeune fille rapporta l'argent au comptoir et s'avança pour prendre les commandes de la table des badauds ivres

"C'est pour quoi?

Les trois ivrognes s'esclaffèrent bruyament avant de lancer a Shura

-T'as l'air d'être une fille qui sait se faire respecter toi!

-Tu veux combien pour ce soir ma jolie?

Sur le coup si elle ne s'était pas retenue elle aurait surement fait leur affaire aux trois dégeulasses, mais elle se souvint qu'elle avait besoin de dormir ici, ce serait bête d'en arriver là alors qu'il suffisait de servir tous ces gens pour payer sa note, Shura eut un petit sourire sarcastique avant de lancer

"Cours toujours mon gros, t'arriverais pas a m'attrapper même si tu chiait cent kilos."

Lança cruement Shura avant de repartir chercher les commandes sous l'hilarité des deux autres affreux, le troisième semblant ne pas avoir digéré cette infamie

Aloïs se marra bruyamment, renversant un peu de l'alcool qu'il tentait de boire. Et plus il en mettait à côté, plus il rigolant, plus il en renversait, plus il se marrait, etc... Et tout autour de lui, les ivrognes se marraient, sans plus savoir pourquoi, rigolant bêtement mais toujours aussi fort.

Quand sa deuxième chope fut vide, Aloïs tapa une nouvelle fois sur la table. D'un voix pâteuse, il se tourna vers la compagnie, levant sa main pour demander le silence. Quand ils furent à peu prêt silencieux, le scribe leur dit :

"B...B...Bon... Je vais... J'vais z'aller... Au pieux... Ouais... J'vais z'aller m'coucher, c'est tard... Donc... j'vous souhaite... le bonne nuit."

Après chaque hachure dans sa phrase, ses yeux se fermaient bizarrement avant de s'ouvrir, et il commençait à être vraiment bancale. Lorsqu'il eut finit sa phrase, un rire général retentit, allez savoir pourquoi. Aloïs regarda l'assemblée, ferma les yeux...

Et tomba à la renverse. Quelques hommes tentèrent de le rattraper pour l'empêcher de tomber, mais Aloïs se retrouva par terre, étendu dans l'alcool renversé au cours de la soirée. On écouta sa respiration, quelque peu inquiets. Et lorsqu'un ronflement sonore retentit dans l'auberge soudain très calme, un nouveau rire général retentit.

Deux bûcherons particulièrement costauds saisir le scribe, un par les pieds, l'autre par les épaules, et entreprirent de le monter à l'étage, dans sa chambre. Titubants, raide morts de l'alcool ingurgité, ils arrivèrent finalement à le getter sur son lit, et la nuit commença pour Aloïs...

-HJ- Je pense que mon prochain poste sera le lendemain matin. -HJ-

La nuit avait étée plutôt agitée mais Shura avait réussi a survivre jusqu'au matin, enfin, elle n'appellait pas vraiment ça survivre, c'étaient ses adversaires qui avaient du lui résister jusqu'a l'aube. Adossée contre les restes de la cheminée, mordillant un saucisson elle soupira. De l'auberge il ne restait plus que des ruines, on eut dit qu'une gigantesque épée avait tranché l'établissement en de multiples fois, les murs avaient étés détruits, découpés avec une nettetée incroyable, et au sol, dans les gravas de bois, quelques corps gémissants remuaient avec peine.

Shura passa une main dans ses cheveux et soupira.

Alors qu'elle avait enfin réussi a décrocher sa chambre malgré l'humiliation que cet acte lui avait valu, elle avait cru bon de devoir s'y rendre pour se rafraichir et y dormir, malheureusement il semblerait que la tenancière l'ait vraiment prise en grippe, elle n'avait pas tous les détails, mais elle supposait que ça s'était passé comme ça:

Après avoir été se coucher les poivrots étaient venu voir la tenancière réclamer la clé de sa chambre, dans le but de profiter de son sommeil, le désir de vengeance contre cette jeunesse arrogante et puissante fut si fort que l'aubergiste acceda a leur demande, alors que ceux ci se faufillaient dans la chambre de Shura ils sous estimèrent grandement leur discretion, leur pas étaient lourds, et leur haleine d'alcolique était reniflable a des kilomètres, une habituée des nuits a la belle étoile comme Shura perçut immédiatement le danger, et leur fit regreter de s'être introduit dans ses appartements.

La suite est facilement imaginable, les poivrots ont sortis des armes, et Shura a répliqué, ravageant l'auberge entière a grand coup d'excalibur, la faisant s'éffondrer sur elle même.

Il n'y avait qu'un seul client qui dormais a ce moment là, celui si se trouvait peletoné dans les restes de son matelas, plongé dans un profond sommeil.

Shura soupira avant de jeter un regard en biais a l'aubergiste, qui avait tout perdu

"Tu vois, je t'avais dit de pas me chercher...Putain, avec tout ça j'ai pas pu dormir cette nuit, j'espère que t'est contente..."

Fit elle tandis qu'elle lançait un regard meurtrier a l'aubergiste qui se tassa dans son coin de frayeur, Shura soupira, mit son sac de voyage sur son dos et lança

"Allez, j'me casse."

Et pendant que se déroulaient ces évenements, dans une des chambres, continuait de dormir un jeune scribe. Vulgairement, on eut put dire qu'il dormait comme un porc, mais on se contetantra de juger son sommeil de plomb, ou bien dire qu'il dormait comme un loire, pour rester dans le registre animalier.

Et l'auberge s'effondra. Et Aloïs pionça. Et sa chambre descendit d'un étage. Et Aloïs ronfla. Onze heures sonnèrent enfin à l'antique horloge qui avait résisté au carnage. Et Aloïs se réveilla. Le regard dans le vague, il ne comprit d'abord pas où il était. Puis il se souvint vaguement d'être arrivé dans cette auberge, d'avoir mangé quelque chose... d'être sortit... une jeune femme... ... et puis le trou noir. Plus rien. Son crâne lui faisait mal. Et ses vêtements sentaient mauvais l'alcool. La nausée. Ouch. Quelle envie de se rendormir il avait ! Mais d'abord il devait comprendre ce qui s'était passé.

Il descendit de son lit, dont les lattes avaient survécues à grande peine de la chûte du premier étage vers le deuxième, en même temps que le chambre. Aloïs posa les deux pieds au sol, et au moment de se lever, la nausée devint plus forte. Sa tête bascula en avant, et Aloïs vomis toutes ses entrailles. Quel gachis. Pour une fois qu'il avait put manger à sa faim, il fallait qu'il vomisse tout le lendemain. Il s'essuya la bouhe d'un revert de main, et titubant légèrement, il se dirigea vers la patronne.

"Que... Que c'est il passé ?"

Il avait grande difficulté à parler, et à aligner des mots, et sa question fut courte. La patronne le voyant sourit jaune, et lui lança.

"Tiens v'la l'ivrogne. S'ki c'est passé ? C'ets plutôt "Qui est passé" qu'i faut d'mander. Bah v'la qui est passé."

Termina-t-elle en désignant d'un geste du menton Shura, s'éloignant. Aloïs reconnu la fille de la veille, avant de se demander plus à lui même qu'autre chose.

"Ivrogne ?..."

Puis froncant les sourcils, il s'élanca tant bien que mal derrière Shura, lui lançant lorsqu'il estima être à porter suffisante de voix.

"Et toi ! Que c'est il passé cette nuit ?"

Aloïs était déterminé à comprendre...

Shura s'appretait a partir, son sac contenant ses maigres possessions sur son dos vers sa prochaine destination, c'est a dire, le cristal jaune caché quelque part dans le royaume de Key d'après son détecteur, alors qu'elle allait reprendre la route une voix l'interpela, serrant les doigts de sa main et applatissant sa paume, elle se retourna

"Vous en avez pas encore assez eu?"

Fit elle alors qu'elle se trouvait nez a nez avec le poivrot de la dernière fois, celui qui était allé se coucher tôt, ou plutôt qu'on avait couché tôt et qui ne devait pas bien être au courant des évenements, les doigts de Shura s'arrètèrent a quelques centimètres de sa poitrine le geste semblait a première vue innofensif, et le simple fait de repousser le bras d'une main lui aurait permis de passer

"Tiens donc, tu dormais hier soir et t'as pas pu avoir ta correction comme tes copains?Tu veux que je répare cette injustice?"

Lacha Shura, un sourire cruel aux lèvres