Arrivée chaotique.

Dans une reuelle sombre de Lusec, où personne n'était venu depuis des lustres, vraisemblablement, les seuls témoins de l'apparitions d'un homme pour le moins étrange furent, dans l'ordre: La poubelle éventrée qui le reçut de plein fouet, un cafard qui vit, dans ses derniers instants, un immense pied lui atterrir dessus et, un troisème et dernier lieu, un chat errant qui se vit déranger de sa vingt-septième sieste quotidienne par le bruit que fit l'inconnu en apparaissant. Pour compenser son manque de sommeil et son obligation à devoir trouver un autre endroit où roupiller, il lui mit un coup de griffe sur la joue et s'en alla dédaigneusement, comme seul un chat peu le faire.

L'inconnu ouvrit les yeux et se passa une main sur la joue. Il regarda sa main, et renifla. Ses cheveux crépitaient d'electricité statique, et tout son corps était secoué de tremblements. Il parvint, avec grand mal, à se mettre sur ses pieds et parcouru la ruelle d'un regard complètement éberlué. Des pensées éparsent lui parvenaient en nombre: Où est-ce que je suis? Où est passé l'autre dingo qui me poursuivait? Je suis mort? C'est le paradis? Ou l'enfer? En tout cas, ça pue...

Il fit quelques pas, titubant, et vit le chat qui le regardait d'un air de défi. La joue de Steiner Myrdal le lança, et il regarda le sang qui séchait sur sa main, puis le chat.

"Espèce de sale bête!!" fulmina-t-il.

Au même moment, le chat feula et prit feu. Oui, il prit feu, intégralement, sans qu'un qui que ce soit ait gratté une allumette ou ait pointé un lance-flammes dans sa direction. Le chat était là, tout calme, il feule et froutch, il brûle. Myrdal s'approcha alors que les miaulements s'éteignaient dans un gargouillis de chairs brûlées. Il se baissa et toucha la carcasse fumante du matou, puis il arracha une patte et la renifla.

"Ça tombe à point, j'avais la dalle."

HJ- Juste pour vous donner une meilleure idée de Noa, voici une image.-HJ
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Un fracas suivi d'une odeur de chair brulée parvint aux oreilles et aux narines d'un vieil homme ronflant allègrement sur le parvis d'une des demeures qui composait la ville. Il se réveilla furieux, hagard, cherchant du regard un instant le doux animal qui lui avait tenu compagnie quelques temps plus tôt.

"Mouarf, qu'est ce c'est ce bordel" marmona-t-il dans sa barbe, sauf qu'il n'en avait pas.
Il se leva tant bien que mal, titubant à chaque pas, et oui, une cuite ça laisse des traces...

Enfin, il arriva devant un espèce d'individu aux cheveux hirsutes, encore fumants, qui était tout simplement entrain de bouffer une bestiole à même le sol.
Drole de spectacle, amusant et pathétique à la fois.
N'empêche, Noa ayant beaucoup bu et peu mangé, s'adressa à l'énergumène de sa voix tremblotante et rauque.

"Eh, mon petit, donnerais-tu un morceau de ton festin à un vieil homme qui a faim ? En plus, je crois que c'est mon chat que t'es en train de becqueter..."

Myrdal releva les yeux, des yeux de fous. Quelqu'un qui aurait été assez proche de ses deux globes oculaires vitreux aurait pu voir de mices filets d'électricité bleutés les traverser, mais tout ce qui en résultait était qu'il avait l'air encore un peu plus fou que la normale. Il renifla, et baissa ses yeux sur le chat.

"C'tait votre chat?" cracha-t-il en penchant la tête sur le coté. Sa lèvres inférieure tremblota, et il se releva. Il s'approcha du vieil homme et l'examina avec sérieux, du moins pouvait-on le croire, car son visage avait toujours autant l'air halluciné.

Steiner était rassuré, au fond de lui. Même si le voyage avait paru durer des milliers d'années ou une seconde, s'il semblait avoir parcouru des milliards d'années lumières, ou peut-être un quart de milmimètre, Steiner fut rassurer de voir que le vieil homme ressemblait à... ...bah à un vieil homme. Donc, où qu'il se trouve, quel que sois le quand également, il y avait des humains. Steiner Myrdal résista à l'envie de le prendre par le col et le secouer pour lui demander comment rentrer chez lui, mais il lui restait assez d'intelligence pour comprendre que le vieillard ne le saurait probablement pas.

"Il en reste, là-bas. Pas très bon."

Puis il resta ainsi, à regarder le vieux de ses grands yeux aussi hirsutes que ses cheveux.

Toujours aussi mal assuré, le vieillard laissa l'inconnu l'observer comme s'il n'avait jamais rien vu de tel auparavant. Lançant un petit rire bienveillant, il flatta l'épaule de l'énergumène avec la paume de sa main, une main ridée, à la peau burinée, main d'une poigne peu commune, levant un oeil perçant vers sa face d'illuminé.

Puis, toujours chancelant, il s'accrouppi vers la carcasse du malheureux animal, dont il ne restait pas grand chose en fait. Il tria les os, et essaya d'en détacher quelque chose de comestible, mais le bougre avait déjà bouffé tout ce qui l'était.

"Mmmh, en effet, pas très bon..." ironisa-t-il alors, voyant qu'il ne pourrait pas satisfaire sa faim.

Il voulu se relever, mais le poid des années et celui de l'alcool dans son organisme le firent basculer en arrière. Il se retrouva donc vautré au milieu de la rue, râlant, pestant contre tout et rien.

"Noa...Noa... vieux fou, rester là bas, non.... rahhhh.... mal au craneuhhhhhh......."

Il saisist sa tête un instant dans ses mains, et fit une nouvelle tentative pour se lever.
Sans succès.
Il s'adressa alors à l'autre, d'une voix aussi chevrotante et malhabile pour voir s'il l'aiderait à se lever.

"Oh, mon petit, ne vois-tu pas que je trime, aides moi au lieu de rester planté là comme un idiot...."

Myrdal se passa une main sur la figure. Quelle était cette ville, ce pays, ce monde, où on laissait ainsi vivre les vieillards et les handicapés? Dans un monde comme celui d'où il venait, on aurait eu tôt fait de le dépecer pour qu'il serve à nourrir les combattants, les guerriers. Il regarda le vieux qui, tel une tortue, n'arrivait plus à se redresser une fois sur le dos. Il se reprit mentalement: Non, il ne l'aurait pas bouffé, car à voir comment il radote et jure, sa viande doit plus ressembler à de la semelle qu'à de l'agneau.

Steiner regarda sa propre main, comme s'il la voyait pour la première fois, avant de s'avançer vers l'homme usé. Il l'aida à se relever, puis recula. Il regarda à nouveau ses mains, curieux, et passa sa langue sur la paume. Rien. Pourtant, un instant, un tout petit instant, il avait cru que de l'electricité allait en sortir. Steiner haussa les épaules, et regarda en l'air.

Le ciel était plombé et bas, signe que la pluie menaçait. Du moins, dans le monde d'où Myrdal venait, c'était signe d'une pluie prochaine, mais il n'en était pas forcément de même ici. Dans le doute, il préféra tout de même trouver un abri. Laissant le vieux nouvellement remit sur pied, il partit clopin clopant à la recherche d'un gîte où passer la nuit, ou l'averse. Puis il s'arrêta, mortifié. Une idée venait de jaillir dans son esprit et, bien qu'il ne le vit pas, une flammèche avait au même moment jaillit d'une de ses oreilles. Myrdal s'en retourna aurprès du vieux clochard, car tel était le nom qu'il lui avait donné:

"Dis-moi, vieux clochard, est-ce que ce monde connait la valeur de l'argent, j'veux dire? Le dollard, tu connais?"

Il sortit de sa poche un billet de dix dollards, des dollards de son monde, qu'il secoua devant la trogne de l'ivrogne, attendant un résultat. Sans argent, pas d'auberge, et peut-ête que le vieux avait quelques menue monnaie sur lui?

Perdu dans ses pensées malsaines, Steiner Myrdal voyait danser devant ses yeux l'éclat des deux pièces qu'il avait entraperçut dans les mains du vieil homme. Une en argent, et l'autre... Était-ce possible? De l'or? Il n'y avait plus d'or dans son monde, ou presque plus. Seuls les puissants en possédaient, mais dans d'infimes quantité. Ce homme, ce vieil homme, serait une banqueroute mondiale dans la dimension d'où Myrdal venait. Mais ici, ces pièces semblaient... ...sans mauvais jeu de mot... ...monnaie courante. Ce pays, cette contrée, se révèlait de plus en plus étonnante.

Il regarda à nouveau son pauvre billet devenu inutile, et le rempocha. Des idées affluaient dans son cerveau dérangé. S'il pouvait obtenir suffisemment de ces pièces, et retourner par chez lui, alors son futur était assuré. Il pourrait acheter n'importe quoi avec une seule de ces pièces dorées. Myrdal s'imaginait déjà rentrant un plein coffre de ces pièces et s'assurant une éternité de bonheur et de puissance. Au diable le minable trafiquant d'armes, voici venu le sultan Myrdal... Non, le roi tout puissant Myrdal. Myrdal premier, voilà qui sonnait bien! Avec des courtisanes, avec des banquets comme antant, de la nourriture à foison et un règne sans fin.

Il consentit à sortir de ses rêveries pour répondre au vieux fou.

"Il vient d'une... ville. Loin. Ouais, très loin, même. Plus encore que tu ne peux l'imaginer, vieux... Mais quel intérêt, puisqu'il n'a aucune valeur, hein? Dis-moi plutôt..."

Il s'interrompit de lui-même, et cessa de marcher. Son oreille bourdonnait et lui faisait un mal de chien. Au dessus des deux hommes, un nuage céda et un immense éclair fondit sur la ville, à quelques centaines de mètres d'eux seulement. Le tonnerre, assourdissant, empêcha Noa d'entendre le hurlement de Steiner Myrdal, qui déversa à son tour un flot d'éclairs par ses doigts, en réaction à la surcharge électrique ambiante. Heureusement pour tout le monde, les éclairs qui surgirent de ses mains étaient ridicules et plongèrent sous terre sans causer aucun dommage ni blessures. Steiner, secoué et haletant, leva des yeux vitreux sur le vieil homme et termina sa phrase:

"Dis-moi plutôt comment en trouver d'autres, de ces pièces. Une fois à l'auberge... Gniiih..."

Le dernier couinement lui avait échappé, mais il n'en tint pas compte. Tout comme il mit de coté sa crise électrique précédente. Tout cela n'avait aucune importance, tout ce qui comptait, c'était ces pièces d'or, cet argent, cette puissance. Il se remit en marche vers l'auberge.

Myrdal regarda son écuelle avec circonspection. Or ou pas, la bouffe avait pas l'air terrible, par ici. En plus, dans ce bouiboui, tout le monde le regardait avec un air étrange... ...comme si... Comme s'il venait d'une autre planète. Bon, ce qui était drôle, c'est que c'était le cas, effectivement. Mais personne n'était sensé le savoir! Il promena un regard méfiant tout autour de lui. En réalité, seuls quelques clampins daignaient jeter un oeil sur lui, mais dans l'esprit déglingué de Myrdal, ces quelques se muaient en beaucoup.

Il se recroquevilla sur sa chaise et attaqua son bol. Le goût était étrange, mais pas aussi répugnant qu'il ne l'aurait pensé. Des souvenirs de son enfance dans les bidonvilles de son monde lui revinrent en mémoire, et plusieurs de ses cheveux grésillèrent et se calcinèrent au même moment. On lui avait toujours dit qu'il avait une imagination débordante, mais on aurait jamais cru pouvoir la voir déborder un jour. Il avala malgré tout le ragoût avec délectation, son appétit revenant en même temps qu'il ingurgitait les aliments.

De temps à autre, il relevait des yeux inquiets sur l'entourage, hallucinant sur le nombre de paires d'yeux qui scrutaient le moindre de ses mouvements. Le vieillard en face de lui dévorait son plat avec un enthousiasme presque effarant. En un rien de temps, il eut terminé son bol et commandé un autre. Myrdal se frotta le nez et s'essuya le front, couvert d'une fine pellicule de sueur. Quand le vieil homme lui parla enfin, il sursauta.

"Travailler... ...vendre... ...piller..." répéta Steiner Myrdal, les yeux dans le vague. Il porta une cuillèrée de son bol à sa bouche et l'avala. Le vieux avait reprit sa gloutonnerie terrifiante, mais Myrdal ne le voyait même plus. Il reposa lentement le couvert sur la table, et se leva. Plusieurs clients le regardèrent, intrigués par son accoutrement et son attitude quelque peu étrange. Une goutte de sueur perla sur le sourcil de Myrdal, tandis qu'il répétait:

"Travailler... ...vendre... ...piller..."

La goutte oscilla et lâcha finalement prise. Mais arrivée au niveau du ventre de Myrdal, un éclair jaillit de ses doigts et la fit s'évaporer. À ce moment là, beaucoup de clients qui avaient vu la scène et le regard de plus en plus paniqué de Myrdal, commençèrent à changer leur curiosité en peur, ou en haine pour certains. Des clients se levèrent pour parer à toute éventualité au plus vite: se battre ou fuir.

Steiner Myrdal, qui semblait presque essouflé, fit un pas flageolant. Et là, ô surprise, un autre fait étrange se déclara: Sous l'oeil de tous les clients, Noa en tête, une onde de choc se propagea du pied de Steiner et renversa tout ce qui se trouvait sur la terre battue de l'auberge. Ce n'était qu'une petite vaguelette d'une dizaine de centimètres de hauteur, avec pour épicentre le talon de Myrdal, mais les dégats ne purent être ignorés: Le comptoir se fendit en deux, trois chaises se brisèrent, plusieurs tables se retrouvèrent sur la tranche, et plusieurs clients sur la tronche. Au bout de quelques mètres, l'onde circulaire s'enfonça dans la terre et disparut.

Le silence règnait en maître, à présent.

*Et merde…. Voilà c’était prévisible…*

Le vieil homme attrapa son gobelet et fit un bon pour se mettre debout, juste avant que celui-ci ne termine au sol, comme la nourriture et tout ce qui se trouvait sur la table, ainsi que la table elle-même.

*Quel gâchis… Noa est un idiot…*

Les quelques clients qui avaient subit l’onde de choc que Myrdal avait très certainement provoqué de façon tout à fait involontaire, donc ces quelques clients restaient au sol, ne sachant pas s’il fallait répondre de cette « provocation » ou s’enfuir à toute jambe. En effet, si l’étranger avait fait une forte impression, Noa lui était connu pour les dégats qu’il pouvait occasionner, volontairement… ou pas.

Le silence devint de plus en plus pesant. Noa avala cul sec le contenu de son gobelet, et fit claquer sa langue sur son palais. Ne sachant pas trop quoi faire de son gobelet, puisque la table où ils étaient installés gisait en morceaux sur le sol, il entreprit d’en faire venir une à lui.

Un geste furtif, une concentration sommaire et voilà les tables et les chaises encore entières s’élever lentement au dessus du sol. En un instant, les tables furent remises sur pied, retrouvant leur places initiale, sauf une qui, suspendue à quelques centimètres du sol, passa devant Myrdal et vint se poser tout en douceur devant Noa.

Il ne lui manquait plus qu’une chaise.
Il poussa un léger soupir et une d’entre-elle fit la même chose, sauf qu’un événement soudain, incontrôlable, et tout ce qu’il y a de plus naturel vint perturber la concentration du vieil homme. Cela commença par un gargouillis qui s’amplifia pour finir en un horrible hoquet. Noa avait le hoquet. Bête n’est-ce-pas ?

Le premier hoquet fit exploser les chaises, dont les morceaux de bois allèrent se ficher dans les murs, le sol, ainsi que dans la chair de certains clients qui poussèrent des hurlements de douleur. Le patron de l’auberge prit alors la bonne décision et gueula à tous les clients de partir séance tenante, avant de se planquer dans une autre pièce.
Au second hoquet des flammes jaillirent des yeux de Noa et il mit le feu à tout cela, et avant qu’ils ne finissent en barbecue, malgré le troisième hoquet qui eut pour effet de propager l’incendie à tout le bâtiment, le vieillard traîna Myrdal à l’extérieur de l’établissement, laissant le tout cramer, sans se soucier s’il y avait encore quelqu’un à l’intérieur.

L’entraînant à une dizaine de mètres du foyer de l’incendie, il se mit face à Myrdal et son attitude changea du tout au tout. Le hoquet avait disparu, l’avait-il réellement eut ? Sa cuite aussi paraissait être de l’histoire ancienne…

D’un ton différent, presque bienveillant, et d’une voix caverneuse mais tout a fait posée et claire, il s’adressa à l’illuminé.

"Tes pouvoirs sont nouveaux pour toi, hein ? Et tu ne maîtrises rien."
Ensuite il ricana, en voyant le regard médusé de son interlocuteur.
"Apprendre à connaître tes pouvoirs tu devras. Ensuite apprendre à les maîtriser. Mais je ne peux rien faire pour toi. Seul tu devras te débrouiller… "

Eclairés par le brasier qui devenait de plus en plus important et s’étendait déjà à deux autres maisons, Noa s’accroupit apparemment pour ramasser une chose qui se trouvait sur le sol. Mais au fur et à mesure qu’il se penchait, ses cheveux changèrent de couleur, son visage s’allongea et ses bras et ses jambes disparurent pour laisser place à quatre pattes, une tête noire, des yeux rouge sang, deux oreilles pointues et une mâchoire puissante laissant voir des crocs effilés comme des rasoirs.

En un instant, Myrdal fit face à un loup énorme, effrayant. Mais avant qu’il n’eut le temps de réagir, celui-ci, babines retroussées, bavant, les poils de son dos hérissés, se ramassa sur ses pattes arrières et fondit sur sa proie, visant sans aucune hésitation la carotide.

L’homme s’écroula dans un gémissement bestial. Le loup s’acharna sur la gorge de sa victime, jusqu’à ce que celle-ci ne bouge plus et se retrouve dans une marre de sang.

Myrdal ne l’avait même pas vu venir. Et si Noa n’était pas intervenu, ce serait lui qui giserai sur le sol à ce moment là.

Lâchant l’assassin, le loup s’assit et dans un brouillard, reprit la forme de Noa. Celui-ci lança alors à l’illuminé en éclatant d‘un rire sadique :

" Alors, surpris ? "

Myral ne savait plus quoi dire, ni quoi faire. Il avait vu l'onde de chocémaner de son pied. Il avait bu les chaises voler, puis exploser, puis s'enflammer. il avait vu Noa le sortir de l'auberge. Il avait vu, et voyait encore l'auberge qui brûlait, il avait vu le vieil homme se mue en loup terrifiant,égorger un homme et revenir à la normale. Et il voyait maintenant Noa, que Myrdal prenait deux minutes plus tôt pour un minable clochard décati, qui lui souriait avec les lèvres et les dents maculées de sang frais. De sang humain.

Tremblant, Myrdal porta une main à sa bouche. Il avait envie de pleurer, tel un enfant face à quelque chose d'incompréhensible et, donc, d'effrayant. Il se rongea un ongle nerveusement, hésitant entre la fuite éperdue (mais en comprenant rapidement qu'il serait rattrappé et déchiqueté avant même d'avoir atteint le premier virage) et sauter à la gorge du vieillard (ce qui aurait certainement donné les même résultat, mais au moins Myrdal aurait perdu moins de temps à courir). Il opta pour une troisième option, et retira son doigt ensanglanté de sa bouche:

"Qui ne serait pas surprit en voyant ça? dit-il rapidement et d'une voix émoussée par la peur. Qu'est-ce que vous êtes, au juste? Un vieux? Un loup? Autre chose? Vous êtes tous comme ça dans ce monde?"

La panique et la colère l'eportait peu à peu sur la trouille de Myrdal et sa voix se faisait de plus en plus rageuse. Après tout, il n'avait pas demandé à atterir ici, ni à avoir ces pouvoirs dont parlait le vieil homme? Qu'en savait-il, exactement? Était-ce lui qui l'avait fait venir ici?Et où était ce ici, au fait? Comment avait-il traversé les mondes? Comment allait-il pouvoir repartir? Comment ce vieux pouvait-il faire voler des chaises, les faire exploser et les brûler? Comment pouvait-il se transformer en loup? Et pourquoi? Et pourquoi Myrdal aussi avait des pouvoirs étranges?

Toutes ces questions, il les lança à la fgure de Noa, avec de plus en plus de force et de puissance. Des petits éclairs grésillaient sur ses cheveux et ses épaules, alors que le tonerre se faisait de nouveau entendre au dessus d'eux, surpassant brievement le crépitement des flammes. D'autres clients, épouvantés, les regardaient tout deux avec un éttonnement non feint, mais malgré leur implication dans l'incendie qui venait de se produire, ils n'osaient pas intervenir auprès d'eux. Une fois le flot de question tarit, Myrdal s'effondra à genoux devant Noa, se retrouvant à la même hauteur de visage que le vieux fou pas si fou que ça, et peut-être pas si vieux non plus.

"Je me fous de tout ça... murmura-t-il d'une voix presque inaudible. Mais il faut que je me sorte de ce pétrin. Il me faut de l'or."

Il releva les yeux sur Noa. Des yeux de fou, à nouveau.

"De l'or."

Noa cracha un peu de sang sur le sol, et passa le revers de sa main sur sa bouche pour faire disparaître le reste du sang de sa victime.
*Harg, le sang humain, ce sera jamais mon préféré….*
Pensa-t-il en laissant échapper un grognement animal. Sa gorge vibrait encore de sa transformation .
L’homme qui lui faisait face lui posait énormément de questions, beaucoup trop pour un vieil abruti comme lui. Jetant un regard sur le cadavre, il se rendit compte que ce n’était autre que l’aubergiste. Celui-ci devait vraiment leur en vouloir d’avoir détruit sa maison… mais s’attaquer à eux était suicidaire.

Noa resta un instant assis en face de son interlocuteur tout aussi affolé qu’effrayé et tenta de répondre à ses multiples interrogations. Même si celui-ci lui avouait qu’il s’en fichait. D’un ton lent il prit alors la parole :

"Ce monde s’appelle Angelus. Nous sommes ici à Lussec. D’ou tu viens ne m’intéresse pas. Comment tu es arrivé ici, je m’en moque. Ce que je peux te dire, c’est qu’ici, bien des habitants ont des pouvoirs spéciaux. Ce sont les Psychos. Les autres ceux qui n’ont pas de pouvoirs sont les Menos mais ils ont une technologie phénoménale. Inutile de te préciser que ces deux castes ne s’apprécient guère…"

Le vieil homme souffla, il ne désirait pas s’éterniser en explications, il n’aimait pas ça et en plus il en avait pas envie. Il reprit tout de même mais le ton de sa voix devenait un peu agacé.

"Le reste, tu le découvriras par toi même. Sinon, tu voudrais savoir qui je suis ? Ha ha, je ne suis qu’un vieux métamorph. Mes pouvoirs me permettent comme tu l’as remarqué de prendre l’apparence d’animaux. C’est utile en certaines occasions…. " Poursuivit-il en regardant le corps sans vie allongé au sol.

Ensuite, Noa réfléchit à la demande de l’illuminé. Il voulait de l’or. Quelle idée… Mais cette fascination pour ce métal précieux intriguait le métamorph. Sa fortune personnelle lui permettait de vivre plus qu’aisément, et il comprenait tout de même que son interlocuteur veuille s’en procurer. Se levant lentement, il lança un regard méprisant à l’illuminé, avant de faire tomber sur le sol devant lui une bourse remplie d’argent.

"Tiens, IL n’en a plus besoin." Dit-il en parlant de l’aubergiste.

Noa avait profité de l’affolement des clients dans l’auberge pour délester le propriétaire de sa bourse. Un vieux réflexe, pas vraiment utile vue sa position financière mais bon, on ne se refait pas n’est-ce-pas ?

"Tu peux commencer avec ça, mais de l’or ici, c’est dans les hauteurs de la ville qu’il y en a le plus. Ah oui à Kendlys aussi… Au sud. Et comment tu peux t‘en procurer je l‘ai déjà dit." Acheva-t-il en toussotant.

Il tourna alors furtivement sa tête vers le brasier que les habitants du quartier tentaient d’éteindre et la fumée qui s’en dégageait devenant de plus en plus épaisse et suffocante, il leva une main et, instantanément celle-ci changea de direction et disparut au dessus du brasier. Ainsi ils pourraient respirer plus facilement et seraient tranquilles pour un petit moment.

Ensuite il laissa l’illuminé intégrer dans la mesure de ses moyens le peu d’informations qu’il lui avait fourni. Mais se souvenant d’une chose, il lui demanda soudain :

"Tiens, je me rends compte que je nous ne nous sommes même pas présentés. Je me nomme Noa. Quel est ton nom étranger ? Que je sache au moins à qui j’ai fait don d’une bourse d’or….."

Myrdal tourna la tête vers Noa à l'écoute de la question. Il avait les yeux dans le vague, et lorsque le vieux métamorph lui parla, il sembla émerger de sa rêverie dans un 'polp' presque audible. Il dévisagea Noa comme si c'était la première fois qu'il le voyait, puis répondit d'une voix embrumée par le doute:

"Steiner Myrdal... enfin je crois... C'est ce que j'étais dans mon autre monde..."

Une bouffée de nostalgie l'envahit, et il eut presque les larmes aux yeux. Mais son regard se posa sur la bourse et sur les précieuses pièces qu'elle contenait, et alors toute mélancolie disparut de son être. Il la ramassa et la renversa à ses pied, avide de regarder les pièces. Cette simple bourse ferait de lui un homme riche et puissant dans son monde, pourtant il n'y avait là que quelques menues piècettes: deux pièces d'or, une dizaines en argent et quelques unes en bronze, ou en cuivre. Il les remit dans la bourse et rangea cette derière dans les replis de ses vêtements.

"Il faut que je monte dans les hauteurs de la ville, alors pour trouver de l'or? Beaucoup plus d'or? dit-il en cachant précautionnieusement la bourse. Il jeta un oeil suspicieux vers Noa, puis ajouta: Pourrais-tu m'y conduire?"

Ses mains tombèrent alors sur une petite sphère qu'il avait sur lui depuis son arrivée ici. Il reconnu immédiatement la forme et la sortit de sa poche pour l'examiner à la lumière du feu qui s'étendait toujours en face de lui. La sphère était plutôt ovale, en réalité, et sa texture était granuleuse et quadrillée profondément. Une goupille rudimentaire trônait d'un coté, une boucle en feraille s'agitant vainement sous les secousses de la main de Myrdal. Il leva la grenade à hauteur de ses yeux, et siffla.

La plupart de ses armes, bactériologiques et autres, qu'il avait sur lui au moment de la poursuite avec le tueur à gage, toutes avaient explosées. Mais il avait gardé cette grenade, manifestement, et elle semblait intacte. Il fouilla rapidement son corps à la recherche d'autres armes du même acabit, mais n'en trouva aucune. le fait que cette seule grenade soit restée entière était un miracle, mais Steiner Myral n'était plus à ça près. Pas après avoir voyagé dans un autre monde, avoir vu un vieux clochard se changer en loup et ses pieds provoquer un séisme.

L'illuminé avait donc un nom. Le métamorph écouta attentivement les paroles de l'humain venant d'un autre monde, et observa avec quel intérêt il comptait les pièces qui se trouvaient dans la bourse qu'il lui avait lancé.

Le vieil homme se leva et resta un moment pensif. Il n'avait rien perdu de la curiosité qu'il portait à l'égard de cet étrange individu. Son parcours serai indiscutablement intéressant à suivre. Toutefois, Noa considérait que l'aide qu'il lui avait apportée était amplement suffisante, et il ne l'accompagnerait pas. De plus, il se s'attardait jamais longtemps avec les gens. Mais il garderait un oeil sur Myrdal, cela ne faisait aucun doute.

Le caractère de l'individu était également apparu au métaporph, et s'étant rendu compte que celui-ci était quelque peu paranoïaque et à la limite complètement taré, il se mit en tête de s'amuser un peu avec cet état d'esprit.

C'est alors avec un sourire entendu, un regard mauvais, qu'il s'avança jusqu'à Myrdal, et lui chuchota à l'oreille d'une voix à faire glacer le sang de n'importe quel être vivant :

"J'ai autre chose à faire... je ne t'accompagnerai pas, mais peut être que je serai pas loin... maintenant tu sais ce que je suis, alors, poses un regard différent sur les choses qui t'entourent. Je peux être partout et nulle part : un serpent s'infiltrant sous tes vêtements, une araignée qui prénétrerait dans ton oreille pendant ton sommeil... ou autre chose."

Après avoir prononcé ces paroles, Noa éclata d'un rire démoniaque, avant d'écarter les bras dans un geste ample, et deux ailes gigantesques prirent forme à leur place, avant que son corp se couvre de plumes blanches et noires, et que sa tête fasse place à celle d'un vautour, aux yeux perçants. Dans un élan élégant malgré la nature de l'animal, celui-ci s'envola et prit rapidement de l'altitude, faisant soulever une volute de poussière autour de l'illuminé qui ne pouvait plus voir grand chose.

Mais lorsque toute cette poussière se dissipa, le métamorph avait disparu. On ne pouvait plus qu'entendre le cri de l'oiseau charognard s'éloigner dans le lointain.....


HJ- Dernière réponse d'Anthéa pour ce topic -HJ

Myrdal frissonna en regardant le vautour s'éloigner. Dans ses oreilles résonnait encore le rire machiavélique de Noa, le métamorph qu'il avait cotoyédurant ses premiers instants sur ce monde. Il entendait également le battement des ailes du rapace, mais de plus en plus faiblement. Ses yeux roulaient ent out sens alors qu'il tentait de savoir ce que le vieillard avait voulu lui dire. Il fallait qu'il se méfie de tout, était-ce ça? Peut-être qu'il rencontrerait de nouveau l'étrange individu dans le futur...

"Du moment que je ne vois pas l'autre face de rat..." ajouta-t-il à voix haute en faisant allusion au tueur à gages qui le poursuivait avant qu'il ne bascule dans ce monde.

Alors il se mit en route, sa bourse nouvellement acquise tintinabulant dans ses vêtements. Il n'avait aucune idée de l'endroit où se pas allaient le mener, mais rester près de l'incendie n'était pas réellement reccomandé. Il ignorait si des autorités sévissaient dans cette ville, mais il désirait avant tout éviter toute rencontre de ce type dans un tel cas de figure. Il traversa la rue et s'engagea dans ce qu'il pensait être le centre ville.

Le vieil homme, bien qu'il n'en fut pas réellement un, avait parlé des hauteurs de la ville pour gagner encore de l'argent. Il avait également évoqué une ville, mais Myrdal n'était pas certain du nom... Était-ce Kendisse? Ou Denkys? Il ne s'en rappelait plus exactement, mais il allait bien finir par dénicher des renseignements. Le tonnerre roula encore, mais plus faiblement. Finalement, ils n'aurait peut-être pas de pluie.

Un passant courrait dans sa direction, et Myrdal sourit. On allait voir s'il avait gardé la main. Le jeune homme cherchait manifestement à se mettre à l'abri de l'éventuel orage, et il ne se rendit même pas compte qu'on l'avait arrêté. Le passant dévisagea Steiner Myrdal, en se demandant si l'individu était mentalement stable ou non. Myrdal, la main posée sur l'épaule du jeune garçon, pencha la tête sur le coté et lui demanda d'une voix mieleuse:

"Où se trouvent les hauteurs de cette ville, petit?"

Le jeune garçon regarda à droite, puis à gauche, mais personne n'était en vue. La poigne de l'inconnu était forte, et soudainement le gamin se sentit nerveux. Il répondit en bredouillant: "Euh, si vous continuez à avancer dans cette rue, vous arriverez dans les hauteurs, par là...
-Ah oui? répondit Myrdal avec un sourire. Et est-ce que tu connais une ville nommé Kendyls ou Lendkisse?
-Kendlys? corrigea le jeune homme en bafouillant. Oui, c'est au sud d'ici, à l'opposé des hauteurs... Excusez-moi, monsieur, mais je dois...
-...m'accompagner, n'est-ce pas? termina Myrdal en serrant l'épaule du garçon, qui commença à se débattre. Tu vas m'accompagner et me montrer où est-ce que je peux trouver de l'or... De l'or!!!"

Le jeune garçon hurla lorsque les éclairs le transpèrcèrent de part en part. Puis il s'écroula, inerte. Son cuir chevelu grésillait, et ses yeux avaient éclatés. Le liquide contenu dans ses globes oculaient bouillait encore, et un mince filet de fumée âcre s'élevait de sa bouche entrouverte, baignée de sang tiède. Myrdal regarda un instant le cadavre, puis donna un léger coup dans sa tête, pour vérifier si le gamin était bien mort. La joue éclata sous l'impact, et un magma visqueux dégoulina de la gorge calcinée. Myrdal remarqua que l'épaule du jeune garçon n'était plus qu'une bouillie brûlée, puis il regarda sa main. Un éclair passa de son index à sa paume, l'air de rien.

Myrdal sourit.

Il se pencha, saisit la bourse du passant, et s'éloigna. Travailler, vendre et piller, avait dit Noa. Ça allait être bien plus simple qu'il ne l'aurait crû.